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Les Cahiers de la peinture N° 312

Dans une conversation, au cours d’une soirée amicale des Cahiers de la Poésie, Patricio m’a parlé de « Transabstraction », un point de vue théorique appliqué dans sa pratique de la peinture;  je le résume ainsi : « Dans l’élan d’écriture automatique, toute l’expérience acquise par la main va se retrouver à la frontière de l’abstraction et de la figuration. » Je n’ai pas eu le temps d’ouvrir une discussion avec elle sur ce sujet. Ici, elle ne parla que de ses œuvres, tout en les montrant. A propos d’une toile : « on est en plein dans la tourmente d’un ouragan aux caraïbes. » Une autre toile : « Ce sont les grands feux de 1974, dans le Midi ». Le point de vue transabstractionniste, me dis-je, serait celui d’une peinture de mémoire qui s’entend représentative d’un vécu, comme si elle en était la figuration. Le point de vue est plausible. Patricio voyage beaucoup ; une grande partie de sa production peut être considérée comme des souvenirs de voyage, donnés comme une foule de visions et de sentiments devenus abstraits ; ainsi sa démarche plastique est crédible : au delà de l’abstraction, il y a l’expérience réelle. Sur un imprimé, on lit cette définition de la Transabstraction : « Chaque toile est une composition achevée et structurée qui a son histoire, son identité propre (…) Aucune ne se livre au premier regard dont la perception première est abstraite, mais toutes révèlent, à chaque nouvelle lecture, de multiples visions imaginaires, inconsciemment figuratives. »

 

Les tableaux ont rarement la même harmonie, chaque souvenir entraînant sa gamme de couleurs. Cela donne à penser que le chromatisme est revêtu dans la Transabstraction d’une fonction symbolique : il change en fonction du sens.

 Il y a dans la production de Patricio des œuvres sur papier en technique mixte : gouache, encre de chine, fusain et des huiles sur papier de couleur, bleu ou jaune : la fonction de la couleur existe jusque dans la nature du support. Elle utilise la poudre d’argent pour des besoins suggestifs, telle l’atmosphère du Carnaval de Venise. Parmi ses sujets, il y a des bateaux qui pourraient intéresser le Salon des Peintres de la Marine. J’ai vu d’elle des bateaux dans une mer jaune sous l’horizon, une vision surprenante d’étrangeté.

 

 Le relief de la matière appliquée épaisse est une caractéristique de sa plastique qui participe de sons sens de l’esthétique ; dans quelques œuvres, associée à un geste vif à trace informelle, cette caractéristique la place dans le sillage abstrait de Georges Mathieu. Comme ce grand représentant de l’intérêt pour la calligraphie extrême-orientale dans l’art français moderne, elle produit des valeurs graphiques en couleur du type connu sous le nom de « signe ». Le relief recherché dans sa plastique est mis en valeur par l’exploitation de son effet de contraste avec des aplats de fond ; il est une valeur plastique, tel un objet peint pour lui-même, sur plan plat.

 Encore un détail à ajouter à propos de cette peinture intelligente : c’est la première fois que je rencontre en milieu abstrait de l’intérêt pour la représentation de la craquelure qui est un effet accidentel de la peinture figurative ancienne ; c’est un trait de caractère ; Patricio a d’autres fantaisies elle dessine avec du blanc ; aller à contre-courant des habitudes semble participer de son tempérament. Quoique apparentée à Georges Mathieu, Hartung, voire Manessier, autrement dit une école d’art informel français, elle a fait des efforts appréciables pour aller au-delà de l’abstraction. C’est peut-être le sens de la Transabstraction.

Mondher BEN MILAD


 

Galerie Guichard

PATRICIO est l’un de ces peintres dont l’expression graphique n’est plus au service du figuratif.

 Art abstrait, me direz-vous ?

 La subjectivité de ses œuvres nous induit vers une abstraction, mais la recherche conceptuelle du mouvement en harmonie totale avec la couleur introduit des notions d’évasion, de rêve.

 Des courbes, des traits, des couleurs, voilà les composantes d’une œuvre de PATRICIO, et le tout engendre « beauté plastique », matérialisation d’une puissance intérieure.

 Alors, en fait, partir de rien pour tout dire, tout exprimer, n’est-ce pas le paroxysme de la création à l’actif ?

Gérald Brun

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